« LA VIE AU BORD DU MONDE »

photo article Julie Mitchell pôle culture copyright alain laboile

© Alain Laboile

 

Une maison à la campagne, une forêt de bambous, un bassin d’eau, une rivière… et des enfants nus, les pieds couverts de terre, savourant chaque instant de vie. Alain Laboile est un photographe originaire de Bordeaux. Il capture en noir et blanc les moments d’effervescence de ses six enfants, qui appréhendent le monde comme un immense terrain de jeu où toutes les histoires sont à inventer. Au travers de ses photographies, Alain Laboile invite le spectateur à  pénétrer dans son microcosme apaisant, loin du vacarme assourdissant de la ville.

Le photographe a aimablement accepté de répondre à mes questions.

 

 En trois mots, comment qualifiez-vous votre travail photographique  ?

La vie au bord du monde.

 

Pourquoi choisissez vous de prendre vos photos en Noir et Blanc ?

L’absence de couleur  renforce l’universalité et l’intemporalité de ma photographie.

 

Pourquoi avoir choisi votre famille comme sujet de vos photographies ?

  A travers ma photographie, je documente au quotidien la vie de ma  famille nombreuse en milieu rural, un peu à la manière d’un ethnologue immergé dans une tribu. C’est un témoignage que je transmettrai à mes enfants et aux générations futures.

 

En prenant en photo vos êtres chers vous donnez à voir au monde votre sphère intime, quel est votre rapport à la pudeur ?

Chaque individu a son seuil de tolérance en terme de pudeur. Pour nous, exposer les scènes de notre quotidien est devenu naturel, mais nous avons fixé nos limites. Les enfant ont également un droit de regard et je ne diffuse jamais rien sans les consulter.

 

 Comment les moments de prises de vue se passent-ils avec votre famille ?  Vos photos sont prises sur le vif ou résultent-elles de mises en scène ?

Je saisis des instantanés de vie, sans mise en scène préalable. Au fil des années, je suis devenu invisible, mon appareil et moi faisons partie du décor. Les situations se créent d’elles même. Jeunes enfants et adolescents cohabitent dans un « joyeux bordel », l’inspiration est constamment à portée d’objectif.

 

Une grande partie de vos photos se passent en extérieur, au contact d’animaux… comment appréhendez-vous le lien entre la nature et l’homme ?

La vieille maison, le jardin bordé d’un ruisseau qui quitte fréquemment son lit, la forêt de bambous et le bassin naturel constituent notre univers. C’est pour moi une sorte de studio géant où la famille évolue et parfois nous y croisons des animaux. Ce mode de vie nous offre le luxe de prendre le temps d’observer la nature et d’apprécier des moments simples.

 

Quel rapport entretenez-vous avec l’enfance? Quel regard sur cette période souhaitez-vous partager au travers de vos photos ?

Je ne conserve que quelques souvenirs fugaces de mon enfance. J’offre donc à mes enfants un solide matériel de lutte contre l’oubli, afin que devenus adultes ils replongent à leur gré dans cette insouciance et cette douce folie propres à l’enfance.

 

Des travaux photographiques vous touchent-ils particulièrement ?

J’ai démarré la photographie avec une culture photographique proche du néant. Cela m’affranchit de toute référence et je ne puise que dans ma propre inspiration. Mon travail est souvent comparé à celui de Sally Mann. C’est évidemment très flatteur.

 

Retrouvez les photographies d’Alain Laboile sur : http://www.laboile.com/index_fr.html