RICHARD LONG, un artiste dans les paysages

©Richard Long, « A line in Japan », Mont Fuji, 1979

©Richard Long, « A line in Japan », Mont Fuji, 1979

Richard Long est principalement connu comme Land Artist. Celui-ci réalise des œuvres dans des paysages rocheux dépeuplés, « vides », en usant de ce que la nature lui offre comme matériau de création: il travaille majoritairement avec des pierres ou des cailloux qu’il assemble pour former des lignes ou des cercles, des formes simples et universelles qui ont, selon lui, « des psychologies différentes, la ligne représentant la direction, le cercle l’enclos ». R.L cherche à ce que ses œuvres soient le reflet du paysage dans lequel elles se trouvent, qu’elles célèbrent le lieu dans lequel elles sont implantées. Il aime le fait qu’elles soient anonymes, que personne ne sache où elles sont et que des marcheurs puissent un jour les longer en n’ayant aucune idée de se trouver à côté d’une œuvre d’art de Richard Long. Lorsqu’on lui demande ce qu’il ressent en sachant que ses œuvres seront dégradées par le temps, celui-ci répond : « Le temps et le changement sont des choses très importantes pour moi, […] mes œuvres peuvent disparaître des paysages à n’importe quel moment, ce sont des travaux de passage, […] j’espère que mes œuvres vont disparaître car c’est normal, tout va disparaître, on va disparaître ». En revenant par hasard des années après dans des lieux où il avait fait des installations, Richard Long a été exposé à deux cas de figure : parfois son travail était inchangé, parfaitement identique à son aspect initial quand au contraire, d’autres fois, son travail avait complètement disparu.

Cet artiste trouve ses lieux en marchant, un peu par hasard, et y construit une œuvre spontanément : « J’arrive sur le lieu, je fais une sieste, je crée mon œuvre, je la prends en photo, je remets mon sac et je repars » dit-il, « mon travail est la métaphore d’un voyage ». Richard Long aime créer seul, dans une tranquillité, un rapport privilégié au paysage : « Je ne ferais jamais une sculpture avec des pierres que je ne peux soulever moi-même » affirme-t-il. Cette forme de création lui laisse une grande liberté : il crée où il veut, quand il veut, sans être entravé par quelque contrainte que ce soit. Il ramène ses œuvres dans le monde de l’Art au travers de photographies qui sont pour lui aussi uniques que les sculptures qu’elles donnent à voir, qui sont des œuvres à part entière : « Mes photos deviennent un travail, l’équivalent de la sculpture sous forme papier ». Pourtant, malgré l’importance que celui-ci accorde à ses clichés, Richard Long se dit mauvais photographe et déclare n’avoir aucun intérêt technique pour ce médium.

Et, même si le travail de Richard Long est une célébration de la nature, celui-ci ne fait pas un art engagé : « Je désire faire un art nouveau et non pas créer une politique sur la nature. […] Je suis un « artist animal » et pas un « politic animal » même si je suis du côté des Verts, […] je ne suis pas intéressé par la politique ». Celui-ci cherche une simplicité, un « art accessible à tous, à ceux qui ne comprennent pas l’art ».

 

Propos recueillis lors de la conférence de Presse de Richard Long au CAPC le Vendredi 19 septembre 2014 à l’occasion de l’inauguration du « remake » de son installation in situ « White Rock Line ».

 

A VOIR AU CAPC : dix œuvres de Richard Long dans la collection permanente (dont les installations in situ « Ligne d’Ardoise » et « White Rock Line » ). Tarif étudiant pour la collection : 2 euros. Gratuit pour les détendeurs de la Carte jeunes. (fermé le lundi)